Brève histoire de 10 ans de conflits

Les fidèles entourant l’abbé Francis Michel ont créé avec lui,  le 8 décembre 2020, une association cultuelle afin de donner un cadre administratif légal au culte religieux pratiqué au Planquay.  Il s’agit donc d’une association cultuelle qui est en dehors du champ juridique et légal de l’Eglise catholique.

L’abbé Francis Michel n’a donc plus rien à voir avec l’évêché d’Evreux.

Comment en est-on arrivé là ?

Le texte ci-dessous redonne la chronologie des actions entreprises par l’évêque d’Evreux contre l’abbé Francis Michel. Actions répétées qui sont autant de coups de butoir données sur la personne d’un prêtre, aboutissant finalement à la situation que nous connaissons aujourd’hui.

Mais commençons par le commencement…

Mars 2008

Visite pastorale de Mgr Nourrichard à Thiberville et dans les 12 paroisses confiées à l’abbé Michel. Cette visite dura une quinzaine de jours, le temps que l’évêque passe dans les différentes paroisses. L’évêque eut l’occasion de rencontrer les paroissiens, de constater l’intensité de la vie religieuse avec de nombreux enfants au catéchisme entourés de nombreux catéchistes, des églises remplies, des fidèles contents de leur pasteur, des maires satisfaits, des églises partout restaurées. Cette visite fut le couronnement de 20 ans de labeur de l’abbé Michel et l’évêque lui exprima sa satisfaction.

Quelques semaines plus tard, Mgr Nourrichard convoque l’abbé Michel et lui dit:  « Vu la gravité des accusations portées contre vous, vous ne pouvez plus rester à Thiberville ». L’évêque brandit une lettre, en refusant de nommer les auteurs de celle-ci.

Quelles sont les accusation portées par ces auteurs non nommés ?

  • Détournement d’argent
  • Liaison homosexuelle avec un pauvre hère que l’abbé a hébergé quelques temps au grand presbytère de Thiberville.

Les accusations ont été portées, mais les preuves n’ont jamais été fournies.

Les auteurs de la lettre ont été identifiés, parmi eux, un des proches auquel l’abbé Michel avait confié les clés du presbytère et le comptage des quêtes. Claude Lebel a porté plainte en août 2008 pour détournement de fonds. Plainte classée sans suite. Il y eu confrontation entre la comptable de la paroisse et ledit Claude Lebel en présence de l’économe diocésain qui a débouté M. Lebel.

A noter qu’à cette époque, en additionnant les quêtes impérées et les honoraires de messe, Thiberville et les 12 autres paroisses étaient les meilleurs pourvoyeurs de fonds de l’évêché d’Evreux.

Etant vicaire général de Rouen, Christian Nourrichard avait eu à traiter une affaire de moeurs au sujet d’un prêtre et l’évêché de Rouen avait été accusé de n’avoir rien fait. « Cette fois, ils ne pourront pas dire qu’on savait et qu’on n’a rien fait » fut sa réaction face à l’abbé Michel.

L’accusation de moeurs tombera dans l’oubli par la suite; en attendant, il y eut suspicion, délation et bien qu’il n’y ait pas de preuves et pas de scandale, l’évêque convoqua à nouveau l’abbé Michel pour lui signifier qu’il maintenait sa mutation – alors que les auteurs de la lettre lui avaient signifié que « tout était rentré dans l’ordre ».
« Si c’est cela la raison de ma mutation, je ne peux accepter, lui répondit l’abbé.
– Je ferai avec vous comme pour les carmélites, je mettrai la machine canonique en route et nous verrons… »
Les 3 carmélites du Carmel d’Evreux avaient été mise littéralement à la rue par l’évêque, deux d’entres elles furent recueillies par des paroissiens, la troisième repartit au Carmel de Compiègne.
« C’est regrettable, commenta-t-il, mais elles n’avaient qu’à obéir ».

Les choses s’enveniment

L’abbé Michel estimant que les raisons de sa mutation étaient fondées sur l’injustice et la délation, fit un premier recours à Rome. L’évêque de son côté invoqua le fait que la paroisse étant trop petite, la restructuration ne légitimait plus une présence de prêtre à Thiberville. La réponse de Rome ne tarda pas et était cohérente par rapport aux nouvelles affirmations de l’évêque: «L’évêque est maitre dans son diocèse et s’il juge que pour le bien du diocèse vous devez quitter Thiberville, vous devez obéir. »

Un second appel fut formulé à Rome et obtint la même réponse.

3 janvier 2010

Afin d’annoncer le départ de l’abbé Michel, Mgr Nourrichard décida de venir personnellement à Thiberville et célèbra la grand-messe de l’Epiphanie dans une église bondée. Pour l’évêque, ce déplacement était à haut risque car affronter les fidèles remplis d’incompréhension par rapport à la mutation de leur pasteur aimé – mutation qu’ils estiment tous injuste – n’était pas une mince affaire. Une tension évidente règna ce jour-là.

L’évêque commence son discours par les mots « En cette fête de la Toussaint… » Huées; il n’en fallait pas plus pour que l’ensemble de l’assistance manifeste de façon bruyante son désaccord avec l’évêque. M. Wagner tente vainement de demander le silence pour permettre à l’évêque de s’exprimer, mais rien n’y fit, le tollé continua et les fidèles quittèrent tous l’église. L’évêque interrompit la messe.
Le reste de la journée se passa dans la même ambiance d’opposition des fidèles qui ne pouvaient accepter qu’on leur enleva leur prêtre pour des motifs injustes.

Ne voulant pas désobéir frontalement à son évêque, l’abbé Michel ne se considéra plus comme curé de Thiberville et n’exerça plus de ministère public. Il se contenta de dire la messe dans son presbytère et ce durant deux mois.

La situation étant bloquée, Rome nomma un médiateur en la personne de Mgr Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux. Cette conciliation eut pour effet de permettre à l’abbé Michel d’être nommé «Recteur»  de la petite église du Planquay (une des 13 paroisses précédentes); Mgr Nourrichard lui restreignit son ministère à la célébration de la messe, la confession et les enterrements. A cette date, l’abbé Michel est un jeune sexagénaire plein de vitalité : « Monseigneur, je finis la messe le matin à 9h et après, je fais quoi? ». «  Vous prierez, lirez, vous vous occuperez… »

Les fidèles viennent demander des baptêmes et du catéchisme pour leurs enfants. Au début,  l’abbé Michel les renvoie vers l’abbé Vivien, le nouveau curé de Bernay devenu par le biais du regroupement des paroisses leur nouveau curé. Celui-ci les renvoie purement et simplement. Suite à cela, l’abbé Michel accepta de faire quelques baptêmes et donna du catéchisme, ce qui lui fut vivement reproché par la suite.

Cette situation d’un Recteur auquel on interdit de célébrer d’autres sacrements que l’eucharistie entraîna des situations aberrantes, comme celle du baptême d’un enfant de Thiberville: les parents demandent au curé de Moyaux qui refuse et les renvoie à Bernay. Sachant que ces fidèles sont des proches de l’abbé Michel, le curé Vivien accorde à un prêtre de la Communauté du Christ-Roi de Rennes de baptiser l’enfant. Le prêtre vient de Rennes et baptise, ne connaissant pas le détail de la situation; après le baptême et ayant compris la réalité qui se joue, il manifeste son étonnement: «Comment, vous habitez en face et ne faites pas le baptême ? Et moi, on me demande de faire 250 km… ?»
De ce jour là, l’abbé accepta de faire des baptêmes.

La réalité est que les fidèles veulent un baptême individuel à un jour donné, comme cela s’est toujours fait et comme l’abbé Michel a toujours fait. Or, les autres prêtres repoussaient tous les baptêmes pour les regrouper à un jour donné. Résultat: ils ne baptisent pas grand monde là où l’abbé Michel a fait 130 baptêmes – pour donner un exemple – la dernière année comme curé de Thiberville. La jalousie cléricale n’est pas la moindre…

Les fidèles appréciaient la qualité pastorale des cérémonies, la prise en compte de chacun sans acception de personne, peu importe si notable ou pauvre, si l’église est bondée ou vide comme  cet enterrement à Bournainvillle où en dehors du défunt, des pompes funèbres et de l’organiste, il n’y avait personne : la messe a été dite normalement, comme si l’église était pleine.

La suppression de la paroisse de Thiberville avec ses 13 clochers fut un handicap majeur pour beaucoup de paroissiens pour lesquels faire 20 km – donc 40 km aller/retour – pour un cours de catéchisme par exemple n’était pas faisable. Pour les communions, catéchismes, baptême, beaucoup de fidèles se trouvaient donc abandonnés, dans une situation de nécessité. C’est à cette situation que répondait l’abbé Michel en acceptant de baptiser et d’enseigner le catéchisme malgré l’interdiction de son évêque.

Ce dernier en prit ombrage et ne pouvait tolérer que ce prêtre puisse continuer à faire ce qu’il a fait durant toute sa vie de prêtre. On ne peut expliquer autrement la suite d’ennuis majeurs organisés par l’évêché d’Evreux contre l’abbé Michel.

2015 : Procès au civil pour détournement de fonds.

Les comptes sont épluchés. On dit qu’il y a 11 comptes et 100 000 € de détournement, c’est digne d’un roman policier. La réalité est qu’il n’y a pas 11 comptes mais 11 lignes de comptes dont la plupart sont des comptes à terme et qu’en additionnant les virements faits entre les différents comptes, on arrive à 100 000 €.

« Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la galle ».

Sentence du tribunal :  « Bien que les faits de détournement de fonds ne puissent être clairement établis, il y a lieu de retenir qu’il a usé des finances de la paroisse pour satisfaire à des dépenses qui n’auraient pas reçu l’agrément du conseil paroissial». L’abbé Michel est condamné à 15 000 € d’amende pour abus de confiance, par contre, il n’a rien à rembourser; de quoi les gens sensés ont déduits que s’il n’a rien à rembourser, c’est qu’il n’a lésé personne et que tout le reste ne sont que des ennuis destinés à humilier et casser la personne du prêtre. Car il est évident que la presse locale voire nationale ne s’est pas privée d’en faire les choux gras.

Appel est fait de la décision à Rouen, qui confirme. L’affaire va en Cassation: qui estime qu’il n’y aurait pas eu de vice de forme. Et pourtant… la juge de première instance est une paroissienne de la cathédrale d’Evreux.

Manifestement, il y a des collusions qui montrent que l’évêque est juge et partie ; il est par exemple étrange que le procès en appel ait eu lieu à peine quelques mois après la première instance, là où le délai dure deux ans ou plus. En soi, l’évêque d’Evreux ne devrait pouvoir citer personne au tribunal d’Evreux; dans ce cas, le procès devrait être délocalisé. De même qu’en cas de lien entre juge et accusateur, le juge devrait pouvoir être révoqué, ce qui est très difficile à obtenir dans le cadre de la justice française.

Concernant les sommes que gérait l’abbé Michel, plusieurs points sont à noter:
À Thiberville, l’abbé Michel avait un traitement mensuel de 900 € mais n’avait pas de loyer à payer, ni chauffage, dépensait peu pour la nourriture – il est vrai qu’il était souvent invité chez les paroissiens. Sa seule dépense courante était liée aux frais de voiture. Comme il était économe pour lui même et ne partait jamais en vacances, il a pu accumuler quelques fonds – qu’il dépensait volontiers dans deux cas : quand il s’agissait d’embellir ses églises et quand il fallait aider des personnes dans la nécessité.
Durant sa vie de prêtre, il s’est toujours conformé aux dispositions établies par l’évêché d’Evreux en matière de gestion financière. Le système en place est le suivant: les quêtes impérées et honoraires de messes sont envoyés à l’évêché qui renvoie à chaque prêtre mensuellement 28 intentions de messes.

L’abbé Michel est curé de Thiberville depuis 1986; les comptes remis chaque année à l’évêché n’ont jamais donné lieu à aucune remarque de la part de l’économe du diocèse. Et voilà qu’à partir de 2010, l’évêché se réveille et porte plainte contre le prêtre pour des soi-disants détournements réalisés en 2006 et 2007.

En quittant la paroisse de Thiberville, il fonda avec quelques fidèles l’association Notre Dame du Lys dont le but était de gérer l’argent des quêtes et des casuels. Les quêtes impérées et honoraires de messe furent remis à l’évêché, de même que la comptabilité.

A cette époque d’ailleurs, l’association gérant la salle Paul Labbé lui loua ce local – en très mauvais état. L’association Notre Dame du Lys y investit 25 000 €, la restaurant pour la rendre digne d’un lieu de culte. Cette salle fut utilisée de la fin du carême 2010 jusqu’à la Toussaint 2011. Au vu des investissements, l’abbé Michel se crut en droit de demander de pouvoir réutiliser cette salle après avoir été chassé de l’église du Planquay, en 2020. Le nouveau conseil d’administration de cette association lui opposa un refus.

L’acharnement continue : la Suspens a divinis (novembre 2016)

La Suspens a divinis est une peine canonique qui punit un prêtre ou un évêque en lui interdisant l’exercice de tout sacrement. Il va sans dire que cette peine est l’effet d’une faute très grave. Cette peine canonique n’est quasiment plus employée aujourd’hui ; il faut remonter longtemps dans le temps pour trouver des exemples. A une époque où l’Eglise prêche la réconciliation avec le monde et les autres religions, l’application d’une telle peine pour un délit non caractérisé est un de ces contre-exemples qui ne fait que la décrédibiliser un peu plus.

Dans le cas présent, elle est appliquée à l’abbé Michel pour la simple raison qu’il a continué à faire ce qu’il a fait durant toute sa vie de prêtre, à savoir: baptiser et enseigner le catéchisme.

A noter que le décret de suspens signé par l’évêque se fonde sur des faits inexistants comme la célébration de mariages.

A noter aussi que la Suspens a divinis pourrait être portée quand par exemple un évêque catholique pratique la communicatio in sacris, comme le fait de concélèbrer un office anglican… par exemple…

L’affaire des Gilets jaunes

N’ayant plus vraiment de ministère, l’évêque lui ayant dit qu’il « trouvera bien de quoi s’occuper », l’abbé Michel est allé s’occuper des Gilets jaunes sur les ronds-points autour de Bernay. En province, le gros des gilets jaunes ne sont pas des Blacks blocks ou des casseurs, mais des travailleurs ou chômeurs malgré eux qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, des personnes dont il serait normal que l’Eglise catholique s’en occupe puisqu’elle souhaite incarner depuis 50 ans « L’Eglise des pauvres et des opprimés ». On ne pourra donc pas reprocher à l’abbé Michel de s’être occupé de ces personnes, à moins de renouer avec les pratiques d’une certaine époque où les curés fréquentaient de préférence les bourgeois, « ceux qui donnaient ».

Le 2 juin 2019, une cinquantaine de Gilets jaunes de Bernay sont venus à l’église du Planquay pour assister à la messe et témoigner à l’abbé Michel leur gratitude pour son soutien à leur égard. Après la messe, il organisa une prise de photos dans l’église. C’est là que fut entonné par eux un chant qui n’est pas à la gloire de notre président et qu’à l’insu de l’abbé Michel, ce chant fut filmé et mise en ligne sur un compte Facebook. L’affaire fut médiatisée.

Notons qu’à côté de cela, des centaines de milliers de Français ironisent ou se moquent de leur président en public – ce qui n’est pas contraire à la liberté d’expression garantie par la Constitution – mais pour l’abbé Michel, cette liberté d’expression est réprouvée par ses supérieurs.

Le Préfet fit des reproches à l’évêque « Monseigneur, vous ne savez pas tenir vos troupes ». Il n’en fallu pas plus pour que l’évêque monta au créneau: s’il en est ainsi, on va rayer cette abbé définitivement de la liste !

Décret de fermeture de l’église du Planquay signé par l’évêque le 12 juin 2019 dans un document qui sera remis à l’abbé Michel bien plus tard.

Réduction à l’état laïc

Mgr Nourrichard demanda ensuite la réduction à l’état laïc pour l’abbé Michel. La réduction à l’état laïc – ou suspension des obligations ecclésiastiques – est une procédure administrative que l’Eglise appliquait jusque il y a peu dans des cas assez précis: soit elle vient sur la demande du prêtre (et dans ce cas, l’Eglise examine sa cause et juge si elle est recevable), soit elle est appliquée par l’autorité sous forme punitive suite à un délit qui manifeste que le sujet n’est définitivement pas fait pour exercer le ministère du sacerdoce et qu’il sera mieux dans la vie civile. Cette procédure administrative est relativement longue puisqu’elle dure entre un an et demi et deux ans. Dans le cas de l’abbé Michel, l’évêque a engagé une procédure qui sera liquidée en 2 mois.

Pour la constitution du dossier, le prêtre a droit à un avocat; l’évêque a décidé que l’avocat n’aurait qu’un mois pour présenter sa plaidoirie. L’abbé Michel s’est mis à la recherche d’un avocat ecclésiastique en suivant d’abord les indications données par l’évêque, mais au terme de ses recherches, aucun avocat n’a accepté de le défendre. Il n’y a donc eu aucune défense si ce n’est celle formulée par le prêtre lui-même par écrit et sans avoir accès au dossier, sans connaître dans le détail les accusations portées contre lui. Il est donc patent que cette démarche – même si elle suit des dispositions légales récentes formulées par le Vatican – est une procédure totalement injuste puisqu’elle prive l’accusé de la possibilité de se défendre de façon précise des accusations portées contre lui, elle le prive de la possibilité d’être assisté d’un avocat – le Vatican argue qu’il s’agit d’une procédure administrative et non d’un procès. On peut poser la question: comment des hommes d’Eglise peuvent-ils envisager de briser la vie de ceux qui servent l’Eglise par une simple procédure administrative ? Sans défense et surtout sans recours possible puisque cette sentence est réputée définitive ?

De ce fait, l’abbé Michel n’est plus le sujet, l’inférieur de son évêque, puisque officiellement, il n’est plus rien. La cabale va donc s’arrêter. Que neni…

L’abbé Michel quitte l’église du Planquay et installe une tente dans son jardin où il y dit la messe: «Je suis prêtre depuis 50 ans et je me sens autant prêtre après comme avant la procédure administrative de réduction à l’état laïc ». Il pensait donc finir sa vie tranquillement, à l’abri des poursuites incessantes d’un évêque hargneux. C’était sous-estimer cette hargne.

Perquisition, garde à vue

Car, le 26 août 2020, à 9h30, voilà que l’abbé Michel voit venir à son domicile 11 gendarmes, 3 estafettes et 2 camions pour une perquisition, et dans la tente de son jardin et à son domicile. 183 objets religieux lui furent saisis avec obligation d’en prouver l’origine. Une garde à vue de 36 heures. La tente mise sous scellés.

Nouveau procès

Le 17 septembre 2020, il est convoqué au tribunal pour un nouveau procès.
Après la suspens a divinis, des membres de l’entourage de l’abbé Michel ont créé une association dénommée Les amis de Francis Michel afin de gérer l’argent des quêtes et des intentions de messe avec l’intention d’éviter ainsi que l’évêque ne puisse reprocher au prêtre des détournements de fonds. Les dispositions ont été prises afin que l’abbé Michel n’ait pas à gérer d’argent: pas de signature du chéquier, pas de carte bancaire.

Malgré ces dispositions, l’évêché d’Evreux cite l’abbé Michel au tribunal pour :
1. escroquerie et abus de confiance: « Les gens viennent à la messe et croient que l’argent va à l’évêché. » Pourtant personne n’avait porté plainte à ce sujet, et pour la cause, l’abbé a réuni 30 témoignages de fidèles qui sont explicites, disant en substance: nous donnons l’argent pour les messes et les quêtes à l’abbé Michel et ne souhaitons pas qu’il soit transmis à l’évêché d’Evreux.
Ces témoignages ont été balayés d’un revers de main par le tribunal d’Evreux et le Chancelier de l’évêché.

2. Faux et usage de faux : pour avoir fait une autorisation de déplacement pour son servant de messe pendant le confinement…
Notons que pendant le confinement, la messe dominicale était célébrée dans beaucoup de paroisses de Paris, avec servants d’autel et chanteurs, messe retransmise ou non en vidéo.

3. Outrage au président de la république suite à la chanson chantée par les Gilets jaunes dans l’église du Planquay.
« Depuis les débuts de la Troisième République il y a en France une liberté de blasphémer qui est attachée à la liberté de conscience. Je suis là pour protéger toutes ces libertés. (…) En France on peut critiquer des gouvernants, un président, blasphémer. » Emmanuel Macron, le 2 septembre 2020

Le jugement a été rendu le 12 octobre 2020 : l’abbé Michel est condamné à 6 mois de prison avec sursis et une amende.

Voilà pour la chronologie.

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Quelques réflexions

  • Nous sommes là devant le cas d’un prêtre persécuté par sa hiérarchie; le cas n’est pas nouveau puisque la crise post-conciliaire a malheureusement été émaillée de cas assez célèbres. Quand le culte officiel s’est enlaidi et vidé de sa substance, les fidèles sont allés trouver les rares prêtres restés fidèles à la foi et à la beauté de la liturgie antique; le succès connu par ces prêtres a attisé la jalousie des confrères et la morgue de certains évêques. Dans le cas présent, l’abbé Michel a attiré beaucoup de monde en raison de la qualité de sa liturgie et de son sens pastoral. Les moyens parfois importants qu’il a eu à disposition, il les a utilisés pour embellir ses églises et ses cérémonies; et dans ce domaine, l’abbé Michel a été très prodigue, car rien d’autre ne l’intéressait que d’attirer les âmes à Dieu par la beauté du culte.
  • Il est assez difficilement compréhensible comment un évêque peut traiter ainsi un de ses prêtres qui a donné sa vie pour l’Eglise et les âmes. Malgré sa grande sensibilité, l’abbé Michel a réussi à subir tant de brimades sans en être atteint dans sa santé; d’autres prêtres n’ont pas survécu à autant de persécutions venant d’en haut.
  • En étalant sur la place publique de cette manière là des différents personnels, l’évêque provoque un discrédit de l’institution qu’il représente. La voix de l’Eglise est devenue inaudible sur les questions importantes qui agitent notre société; on n’a pas entendu l’évêque d’Evreux monter au créneau sur les sujets de GPA, PMA, mariage LGBT, la politique sanitaire qui tyrannise nos concitoyens en interdisant le culte religieux, etc…
  • L’effondrement de l’institution catholique en France et de la pratique religieuse ont conduit à une fuite en avant, à la gestion d’une banqueroute où le fait de pourchasser un prêtre conservateur croit donner à l’évêque une image de fermeté.  On serait plus en droit d’attendre qu’un évêque soit le bon pasteur, celui qui sait rassembler ses brebis.
  • Le fait d’intenter une succession d’actions juridiques au religieux comme au civil durant tant d’années relève du harcèlement moral et de l’acharnement contre une personne dont les motifs réels sont au-delà du droit. Une analyse des mobiles psychologiques qui sous-tend une telle action serait intéressante..
  • Le succès pastoral de l’abbé Michel n’est sans doute pas étranger à tout cela. Thiberville et ses douze paroisses ont connu une époque florissante, là où ailleurs, les réformes post-conciliaires et les changements de société ont conduit l’Eglise de France dans une phase de déconstruction. A Thiberville, qui n’a pas eu recours à l’abbé Michel aux moments difficiles – un deuil, une épreuve de vie – comme aux moments heureux – baptême, communion ? Son dévouement inlassable a laissé de profondes traces, plus profondes espérons-nous que les morsures de la hiérarchie.

Bernard Lorber